Chemin de Carême 2022

 L’espérance chrétienne ne conduit pas à rêver de lendemains qui chantent.

  L'espérance chrétienne appelle à vivre déjà du royaume qui vient ! Elle est confiance active dans la Parole de miséricorde du Seigneur ! Parole qui nous ouvre à la vraie vie, à la liberté d'aimer ici et maintenant !

"Moi non plus je ne te condamne pas ! Va..." (Jn 8, 11)

Homélie

Tendre la main, ou jeter la pierre ?

Jésus tend la main à tous : à ceux qui accusent, et à celle qui est accusée.

À ceux qui accusent, il propose de faire la vérité, ils doivent reconnaître que eux aussi ont fait le mal. Ils ne peuvent jeter la première pierre alors, ils s'en vont... Avouant ainsi leur culpabilité. L'Évangile dit qu'à la fin Jésus resta seul avec la femme. On ne sait pas si les apôtres étaient là, mais les apôtres ont dû partir comme les autres, parce que, eux aussi, n'avaient pas la conscience complètement tranquille.

Mais Jésus a pris un risque en faisant confiance à l’honnêté de conscience des accusateurs.

Il écrit sur sol, laissant sa parole faire son travail dans le cœur des scribes et des pharisiens. Ils partent, en se doutant un peu de la fin de l'histoire : le pardon de Jésus. Ils refusent finalement de voir Jésus annoncer le pardon  à cette femme. Et ainsi, ils refusent le pardon pour eux-même ! Peut-être un jour en viendront-ils à ne plus condamner et surtout à accepter de se reconnaître pêcheurs. Ils le font en partant publiquement, mais le plus important est de la faire en se tournant vers Jésus.

À celle qui est accusée, Jésus propose le pardon. La femme a douloureusement pris conscience qu'elle avait mal fait. Elle se voyait déjà tuée à coups de pierres. Jésus ne l'invite pas à s'expliquer, mais à mener une nouvelle vie...

Nous aussi, nous avons à faire la vérité, plus spécialement en ce temps de carême. Nous avons parfois des pierres dans les mains et nous sommes prêts à les utilisées contre ceux que nous pensons responsables des situations dans lesquelles nous sommes, ceux qui sont différents de nous dans leur manière de vivre ou leur conception de la société ou leurs choix de vie.

Nous ne sommes plus au temps de la guerre des boutons et des lance-pierres, nous avons d'autres armes plus redoutables qui touchent plus de monde et s'appellent Facebook, Tweeter, Skype ou Instagram... Et nous critiquons, nous ridiculisons, nous falsifions la vérité. Il y a les armes économiques et malheureusement, nous le voyons encore, celles qui tuent : dans les combats de rue, les combats d'armées !

Alors faisons la vérité sur nos attitudes ne démissionnons pas ! Restons dans le camps de ceux et celles qui se reconnaissent pécheurs, restons auprès de Jésus, pour nous entendre dire : "Moi, je ne te condamne pas, va et ne pèche plus !"

 L’espérance chrétienne ne saurait reposer sur rien.

  Malmenée par la peur, par l'angoisse, elle appelle à repérer des traces d'espoir souvent cachées mais bien vitales au cœur des situations qui nous submergent.

  Les produits de la terre promise, le retour de l'enfant prodigue sont autant de signes d'un monde nouveau en douleurs d'enfantement !

  Avec le père des deux fils, avec les fils d'Israël,

"Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !" (Ps 33)

 L’espérance chrétienne est confrontée à la dureté du réel

Et aux échecs qui nous paraissent insurmontables !

"À quoi bon !?"...

  En ce dimanche du buisson ardent, de l'appel de Moïse, ou du figuier sans fruit depuis trois ans, ouvrons-nous à ces paroles de proches, d'amis de Dieu qui nous appellent à croire que rien n'est jamais perdu.

  Elles viennent nous relancer dans notre attente ! 

"Seigneur laisse-le encore cette année... Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir !" (Luc 13, 9)

 L’espérance chrétienne est mise à l'épreuve du temps.

Les situations n'évoluent pas comme nous le souhaiterions

et nous voilà enclins à la morosité ou au contraire bercés d'illusion d'un déjà accompli.

  En ce dimanche de la transfiguration, nous sommes invités à regarder vers un au-delà d'aujourd'hui, à contempler ce qui est au terme de notre route : la résurrection du Seigneur, promesse de notre propre résurrection.

  Continuons notre chemin de carême avec Jésus transfiguré dont la Gloire dynamise à nouveau notre marche.

"Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante." (Luc 9, 29)

L’espérance chrétienne prend appui sur l'alliance de Dieu avec notre humanité, manifestée en Jésus-Christ.

  En ce dimanche des tentations, qui ne sont qu'illusions, faux espoirs, tournons nous vers le Christ pour, avec Lui, faire mémoire, nous souvenir des Paroles de Vie du Seigneur pour nous ! 

  Avançons sur notre chemin de carême avec Jésus, poussés comme Lui par l'Esprit !

"Jésus rempli de l'Esprit Saint... fut conduit par l'Esprit à travers le désert... Pendant quarante jours il fut mis à l'épreuve par le diable." (Luc 4, 1-3)

  Avec le temps du Carême, nous voici tournés vers la fête de Pâques, manifestation de l'amour passionné du Seigneur qui va jusqu'à donner sa vie par amour pour nous comme pour tous.

  Marqués par cette alliance de Dieu en nos vies depuis le jour de notre baptême, nous voulons pendant quarante jours nous laisser renouveler (renaître) par la grâce de Dieu pour être davantage vivants de cet amour et témoins d'espérance au cœur des événements difficiles, douloureux, voire même contraires aux quels nous sommes confrontés.

  La sortie de pandémie, la démarche synodale de notre Eglise après le rapport sur les abus, le choix de projets de société à travers les élections présidentielles, la guerre entre Russie et Ukraine sont, avec nos situations personnelles pour chacun d'entre nous, autant d'événements qui peuvent malmener notre espérance, interrogent nos vies et appellent nos choix.

  Laissons la parole de Dieu que nous offre chaque dimanche de carême nous aider, semaines après semaines, à renaître à l'espérance pour aujourd'hui.

Bonne route à tous, à chacune et chacun !

Père Jacques